Dans cet article, nous abordons les apports de deux femmes extraordinaires du 20e siècle dans la compréhension du développement du jeune enfant : Emmi Pikler et Maria Montessori.
Pikler et Montessori ont toutes les deux réalisé un formidable travail d’observation sur des centaines – voire des milliers d’enfants pour Pikler – et les résultats de ces observations sont aujourd’hui validés par les recherches en neurosciences.
Leur travail était à la base différent :
Maria Montessori travaillait avec des enfants de plus de 3 ans et s’intéressait aux découvertes sensorielles, à la motricité fine et aux apprentissages scolaires : lecture, écriture, mathématiques…
Emmi Pikler, elle, s’intéressait aux nourrissons et aux très jeunes enfants et travaillait sur le développement global de l’enfant entre 0 et 3 ans et avec un focus particulier de la naissance à la marche.
Quels sont les points communs entre ces deux femmes ?
Premièrement, elles étaient toutes les deux femmes médecins ce qui n’était pas très courant à l’époque. Ensuite, elles partagent des valeurs communes telles que le respect de l’enfant, de son rythme et le fait de laisser l’enfant agir par lui-même sans intervention inopportune de l’adulte et sans comparaison entre les enfants.
Un des piliers de la pédagogie Montessori c’est aussi la liberté de choisir : l’enfant choisit le matériel avec lequel il veut travailler à un moment donné. Pour elle c’est essentiel car c’est l’enfant qui sait ce dont il a besoin pour progresser.
C’est également valable pour le bébé dans l’approche piklérienne : ce que fait le bébé spontanément à un moment donné c’est ce qui le stimule de manière optimale.
A chaque étape de son développement, le bébé s’exerce spontanément en effectuant des mouvements qui correspondent à son niveau de maturation neurologique et musculaire. Ces mouvements, qu’il effectue de manière spontanée et continue au cours de la journée, permettent de préparer en douceur une acquisition, par exemple un retournement, un déplacement au sol, une nouvelle posture…
Ainsi, on reconnaît dans les 2 approches que ce que l’enfant fait spontanément stimule son cerveau de manière optimale.
Cela change radicalement la dynamique de la relation entre l’adulte et l’enfant : le rôle de l’adulte n’est plus d’apprendre des choses à l’enfant mais plutôt de mettre à sa disposition un environnement riche et stimulant qui va favoriser son autonomie et ses apprentissages autonomes.
Le principe fondateur de la pédagogie Montessori est « Aide-moi à faire seul ». Maria Montessori proposait aux jeunes enfants de beaux objets de la vie de tous les jours (verres, carafes, bols, bouteilles..) dans des matières nobles et souvent fragiles mais adaptés en termes de taille et de poids aux capacités physiques du jeune enfant. Elle permettait aux enfants de s’entraîner autant de fois qu’ils le souhaitaient jusqu’à la maîtrise du geste. Ainsi, les enfants étaient autonomes très tôt pour des actions telles que se servir un verre d’eau, nettoyer une table ou encore prendre soin d’une plante.
On retrouve ce même principe chez Pikler : par exemple concernant l’alimentation au biberon, Pikler demandait aux nurses de tenir le biberon par l’extrémité inférieure afin que les bébés aient toute la place pour mettre leurs mains. Les biberons étaient transparents et le plus sobres possible, pour que les bébés puissent en voir le contenu et le niveau. Dans ses conditions, des bébés de quelques mois devenaient capables de boire au biberon de manière autonome.
Ainsi, Pikler comme Montessori sont toutes les deux convaincues que les jeunes enfants apprennent par l’expérience. Elles défendent l’idée que les milieux éducatifs – et d’autant plus entre 0 et 6 ans – ne doivent pas être des endroits où l’enfant est passif, où il écoute et reproduit des modèles selon des directives mais plutôt des laboratoires d’exploration où les enfants sont acteurs de leur journée, de leurs découvertes et de leurs apprentissages.
0 commentaires